L’histoire d’un nom de lieu n’est pas séparable de l’histoire de ce lieu.Certains noms de lieux sont restés intacts ou à peu près, du Moyen Age à nos jours pour diverses raisons. Le recensement des noms anciens, avec leur datation a été entrepris à partir des années 1850 pour une partie des départements français, pour la Dordogne nous disposons du dictionnaire topographique d’Alexis de Gourgues publié en 1873 qui reste une base de travail indispensable.
Attardons-nous sur les noms de commune qui composent notre Vallée Vézère :
Les noms en -ac sont fréquents, ils orientent à de rares exceptions près, vers un nom de personne de la période gallo-romaine : Montignac, Sergeac, Fanlac, Tursac, Savignac, Peyzac, Tayac. Il n’y a pas de traces écrites du gaulois, les Celtes sont venus d’Europe centrale à partir du X° siècle avant Jésus Christ par vagues successives pendant sept siècles. La langue celtique –le gaulois- qui y était parlée a disparu sous l’effet de l’occupation romaine.
L’origine des noms de certaines communes de la Vallée Vézère est assez complexe, citons par exemple : AUDRIX : ce repaire noble qui appartenait à la châtellenie de Limeuil fut occupé dès la période gallo-romaine et sa toponymie est relevée au XIII° siècle sous la forme d’Audris après la construction de son église fortifiée ; il apparaît aussi sous la graphie latinisée au XIV° siècle Audricum (1382) puis Audricus nom d’une personne d’origine germanique.
Les peuples germaniques sont arrivés en Gaule pendant l’occupation romaine au V° siècle, d’abord des colonies pacifiques qui venaient exploiter des domaines agricoles puis des postes militaires qui venaient contrôler des voies de communication importantes. Les Wisigoths se sont installés dans le Sud Ouest de la France, leur langue n’a guère laissé de traces si ce n’est que dans les noms de lieux.
LE BUGUE : au IX° siècle, on trouve centena Albucense (856, la centaine étant une division administrative ; on relève ensuite villa Albuca (936) puis Albuces au XIII° siècle. Ce n’est qu’à partir du XVII° siècle que le nom se scinde en Al Bugo, l’initiale al ayant été comprise comme un article d’où la francisation Le Bugue. On s’accorde sur l’étymologie du nom : ses toutes premières formes représentent un mot gallo roman, qui continue le gaulois et abouti à l’occitan albuga « terre forte, argileuse »
CAMPAGNE : ce petit village fut au Moyen Age le siège d’une léproserie et d’un prieuré augustinien dépendant de Saint Cyprien. Le nom du village n’est attesté qu’au XIII°siècle, écrit campanha, associé à la forteresse un siècle plus tard, dans Castrum de Campania en 1360, on relève Campagnie à la fin du XVII°siècle et encore Campaigne vers 1880. Le nom correspond à l’ancien français champaigne, champagne, il vient d’un adjectif au féminin, campanea : pays de plaine.
LA CHAPELLE AUBAREIL : le premier nom apparaît dans les textes au XIII°siècle, albareh, on y a vu un mot qui viendrait comme la forêt Barade d’un latin parlé barra du gaulois barro extrémité, sommet (le village est sur un plateau à 260 m d’altitude). Il y a aussi l’hypothèse que le nom pourrait venir de l’occitan « saule ».
LES EYZIES DE TAYAC SIREUIL : Tayac est mentionné dès le XII° siècle, écrit Taiac, le nom des Eyzies apparaît tardivement, dans Locus(lieu) de las Ayzias en 1484, écrit ensuite Les Ayzies au XIII° siècle. Le mot représente le pluriel de l’occitan aitz qui, comme l’ancien français ais, aaise, désigne une demeure, une résidence. Le village de Sireuil tient son nom d’une personne d’origine gauloise, Sirus, accompagné de –ialo, ce qui indique l’occupation du site très ancienne.
LIMEUIL : l’origine est un nom gaulois lemo désignant l’orme, accompagné de ialo « clairière, champ ».
MANAURIE : vient du germanique Manaud autrefois bien représenté dans le domaine occitan et le suffixe –ie est lié aux défrichements du Moyen Age.
VALOJOULX : le nom n’est relevé qu’à partir du XIII° siècle Volugou, on trouve de nombreuses variantes jusqu’au XVIII° siècle pour la finale du mot –ours, -ols, -oux, -eux. Le nom se fixe en Valojoulz en 1781, VALOJOUX au XIX° siècle, il provient du gaulois avallo nom de la pomme et du pommier accompagné de ialo espace découvert qui évolue ici en –ols, ol, -ou.
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